23 Mars 2023

De 18h à 20h

Langue

Cette conférence aura lieu en distanciel. Le lien d’accès sera envoyé aux inscrits par mail, la veille de l’événement.

Santé mentale, individus et modèles politiques

Une lecture systémique permet d’appréhender les systèmes relationnels qui régissent les individus et leurs environnements. Des fonctionnements mentaux aux systèmes politiques, Laurent Bibard et Xavier Briffault reviennent sur la nature des systèmes relationnels et sur leur rôle fondamental dans la construction des individus et dans la perception qu’ils ont d’eux-mêmes, des autres et du monde.

En analysant les liens entre les systèmes relationnels et les modèles de systèmes politiques, Laurent Bibard interroge : Comment une forme de méfiance a priori est-elle à l'origine du libéralisme et d'un individualisme extrêmes qui passent par la peur des autres ? « Éviter le totalitarisme implique de réapprendre à vivre les uns avec les autres et non plus individuellement, les uns contre les autres. »

Peu de recherches sont consacrées à l’évaluation de l’efficience des thérapies et les méthodes d’évaluation sont souvent peu adaptées alors que la santé mentale semble dans une impasse majeure. Xavier Briffault revient sur la définition-même de la santé mentale, souvent écartée de sa nature relationnelle. 

Les intervenants et leur conférence

Emmanuelle GALLIN

Modératrice

  1. Biographie

Emmanuelle Gallin est thérapeute systémicienne, doctorante, chargée de recherche à LACT.

Laurent BIBARD

  1. Conférence
  2. Biographie

Réapprendre la confiance

La méfiance - et donc la séparation des personnes - devient systémique lorsqu'elle est présupposée comme une évidence.

Nous vivons depuis la Renaissance dans un paradoxe qui s'intensifie et se mondialise : nous sommes à la fois pris par l'évidence de la liberté individuelle comme valeur fondamentale, et par une méfiance constitutive les uns vis-à-vis des autres : nous ne serions que des loups les uns pour les autres. Le libéralisme extrême et les totalitarismes sont les deux faces d'une même médaille.

Éviter le totalitarisme implique de réapprendre à vivre les uns avec les autres, et non plus individuellement les uns contre les autres.

Laurent Bibard est professeur à l’ESSEC dont il a dirigé la plate-forme MBA de 2005 à 2010. Il enseigne la philosophie politique, la sociologie, et l’économie. Désormais responsable de la filière Management et philosophie, il travaille en particulier sur les dynamiques de vigilance en situation de crise. Il est également Directeur académique pour l’ESSEC du Master Eau pour Tous (OpT) déployé en collaboration avec ArgoParisTech.

Après son ouvrage publié en collaboration avec Edgar Morin, s’intitule Complexité et organisations, Faire face aux défis de demain (2018), son dernier livre présente une Phénoménologie des sexualités, La modernité et la question du sens (2021).

Xavier BRIFFAULT

  1. Conférence
  2. Biographie

Précédence de la relation et efficacité thérapeutique

 

Cela fait plusieurs décennies que les travaux de recherche s'acharnent à évaluer l'efficacité des psychothérapies, sans parvenir à des résultats véritablement probants, qu'il s'agisse de la mesure de l'efficacité ou des mécanismes impliqués dans cette efficacité. Un relatif consensus semblait s'être établi il y a quelques années autour d'une taille d'effet se situant aux alentours d'un d de Cohen = 0.8 pour de nombreux troubles, et de mécanismes impliquant à la fois des facteurs communs et des facteurs spécifiques à différentes méthodes. Cette efficacité, déjà peu satisfaisante au regard de l'impact massif des problèmes de santé mentale sur la morbi-mortalité, vient pourtant encore d'être remise en cause à la baisse par une méga-analyse récente. 

Leichsenring, Ioannidis et al. analysant près de 4000 essais contrôlés randomisés rassemblant plus de 650.000 personnes concluent en effet dans World Psychiatry que la taille d'effet se situerait plutôt aux alentours de 0.35, ce qui est vraiment très peu, et se place au même niveau que l'efficacité des psychotropes. Leur conclusion est que ces résultats ne sont pas contingents : ils sont définitifs, et il faut en déduire que la (recherche en) psychiatrie et en psychothérapie se trouve dans une impasse paradigmatique. 

Nous prendrons au sérieux cette affirmation d'une impasse majeure, et nous examinerons l'hypothèse qu'elle pourrait résulter d'une erreur ontologique, c'est à dire dans la nature même des troubles mentaux tels qu'ils sont conceptualisés dans la recherche expérimentale sur l'efficacité des thérapeutiques des problèmes de santé mentale. Plus précisément, c'est dans la non prise en considération de la nature intrinsèquement relationnelle et située de l'esprit humain que pourrait résider le problème. 

Nous examinerons cette piste, et ses conséquences sur la pratique de la psychothérapie

Xavier Briffault est chercheur en sciences sociales et épistémologie de la santé au CNRS (CERMES3). Membre du HCFEA, ancien membre du HCSP. Ses recherches portent en particulier sur les catégories d'entendement en psychiatrie/santé mentale et leurs conséquences sur la fabrique des interventions thérapeutiques et préventives dans ce champ.